La Gravure en creux

❏ L’apparition de la taille-douce

Le XVe siècle marqua l’avènement de la gravure en creux sur métal, notamment sur cuivre et sur zinc, qui devint un mode d’expression artistique très prisé. Il s’agissait de graver le motif sur le métal, avec une pointe sèche ou un burin. L’encre appliquée sur la plaque de métal est retenue par les sillons, si bien que le papier pénètre dans les sillons et absorbe l’encre sous l’effet de la presse. Le pionnier de l’estampe en creux à la pointe sèche et au burin fut le peintre et graveur alsacien Martin Schongauer à la fin du XVe siècle. Il mit en exergue la subtilité de cette technique et ses gravures firent florès en Europe. L’éclosion de la taille-douce en Italie fut initiée par les orfèvres Toscans, puis par des graveurs florentins de l’entourage de Botticelli.

❏ La Gravure au burin

C’est la plus grande et la plus difficile technique de gravure en creux sur métal. A l’aide d’un burin, le graveur trace les traits en enlevant un copeau de métal. Ces tailles obtenues sont bourrées d’encre à l’impression, et le tirage est effectué sur une presse taille-douce et sur papier humide.
Le burin est une lame de section carrée ou rectangulaire, dont le bout est taillé en biseau de manière à se présenter face au métal sous forme d’une pointe aiguë dont l’autre bout est fiché dans une poignée en bois dur. Le burin est tenu à l’intérieur de la main et poussé vers le métal. La difficulté de son maniement consiste à en maîtriser le mouvement, la direction et la profondeur.

❏ La Pointe sèche

Cette technique consiste à entailler directement une plaque de métal, à l’aide d’une pointe en acier dur, dite pointe sèche. Les tailles peuvent être plus ou moins profondes, ou plus ou moins larges, selon la pression de la main. Ces tailles déplacent le métal et laissent sur les bords du trait une barbe. Ce sont ces bourrelets irréguliers qui lors de l’impression retiennent l’encre autour de la taille et donnent aux traits son aspect velouté. Cette technique a une impression plus libre et plus spontanée que le burin. Mais la gravure à la pointe sèche est très fragile et quelques impressions suffisent parfois à écraser les barbes et à boucher les tailles. Pour la renforcer, on acière la plaque. La qualité de l’estampe dépend surtout de l’encrage et de l’essuyage de la plaque, mais aussi de la sensibilité de l’artiste.

❏ La Gravure à l’eau-forte

C’est l’une des grandes techniques en creux sur métal. Elle consiste à tracer le dessin à la pointe sèche sur une plaque de métal qui a été préalablement vernie. Lorsque cette plaque est plongée dans l’eau-forte (mélange d’acide et d’eau), seuls les traits du dessin sont prolongés par le mordant, le reste étant protégé par le vernis. Cette technique laisse à l’artiste une plus grande liberté d’exécution. L’impression sera la même que pour toutes les techniques en taille-douce.

❏ La Technique du verni mou ou Manière de crayon

On recouvre une plaque de vernis mou, c’est-à-dire qui ne durcit pas. A travers une feuille de papier grainé posée sur la plaque, on dessine au crayon dur pour entamer le vernis, lequel se colle au dos du papier. Il n’y a plus qu’à mordre. Le trait gravé est très proche d’un trait de crayon, mais on peut aussi y faire des empreintes.

❏ L’Aquatinte

L’aquatinte correspond à peu près au dessin en lavis, elle était ainsi nommée dès son origine. Chaque valeur est obtenue en laissant tomber sur la plaque de la poussière de résine de pin, fixée par une source de chaleur. Le reste de la plaque est protégé par un vernis. Les temps différents d’immersion dans l’acide donnent des valeurs plus ou moins foncées aux espaces grainés.

❏ La Gravure au carborundum

Procédé de gravure mise au point par Henri Goetz qui consiste à utiliser le carborundum en poudre (siliciure de carbone) pour créer une grenure plus ou moins importante à la surface d’une plaque métallique, le plus souvent du duralumin. C’est en le pressant sous la presse que le grain de carborundum pénètre la plaque. L’impression se fait également sur la presse taille-douce.

❏ La Méthode Hayer

La méthode Hayter n’est pas une technique de gravure mais d’impression. La gravure est réalisée à partir de techniques traditionnelles sur 3 niveaux différents. La plaque est ensuite encrée à l’aide d’un rouleau dur et un mou avec des encres de viscosités différentes. Toutes les couleurs sont imprimées par un seul passage sous la presse.

❏ La Collographie

Procédé qui consiste à créer une matrice à l’aide de collage de matières diverses. Cette matrice est ensuite encrée et imprimée selon la technique de la taille douce

❏ Le Monotype

Procédé d’estampe qui se situe entre la gravure et la peinture. C’est en fait un procédé d’impression de peinture. On peint directement sur une plaque métallique à l’aide de peintures à l’huile et on l’imprime en la passant sous la presse.

La Gravure en relief

❏ L’Estampe

Le procédé d’estampage remonte à la prise de copie sur les textes classiques confucéens gravés sur pierre en 175-183 avant notre ère. Gravées en creux, les estampes ne venaient qu’en blanc sur fond noir. L’usage des sceaux permit de perfectionner les techniques. Au début du VIe siècle, l’impression vint en, noir (ou rouge) sur fond blanc. Cette découverte contenait le principe même de l’imprimerie. La gravure sur bois fut inventée par les Chinois au début de notre ère. Les Mongols envahirent la Chine et l’Inde et y apprirent le jeu de cartes, distraction favorite du soldat désoeuvré. Pour renouveler les jeux de cartes usés, ils utilisaient la technique chinoise de gravure qu’ils répandirent ensuite aux portes de l’Europe. Gutenberg mit au point les différents dispositifs d’impression: presse, encre et alliage métallique des lettres. L’invention de l’imprimerie et de la gravure sont le fruit de plusieurs siècles de travail et leurs origines sont dues à 4 découvertes très anciennes: les sceaux, le papier, l’estampe et les caractères mobiles.

❏ La Linogravure

La technique de la linogravure fait son apparition au milieu du XIXe siècle. Le linoléum se compose de poudre de liège, d’huile de lin, de gomme et de résine comprimées sur une toile de jute. Cette matière tendre se grave aisément dans tous les sens. On obtient les mêmes effets qu’avec le bois, mais avec une libération du geste et une plus grande souplesse de la ligne.

❏ La Gravure sur bois

Cette technique de reproduction servait déjà au Moyen Âge pour l’impression des étoffes. Vers 1430 apparut le bloc d’impression sur lequel sont gravés textes et illustrations, à savoir l’ancêtre du bloc à lettres mobiles. Cette technique consiste à évider sur la planche de bois – noyer, poirier, pommier ou encore merisier – pour réserver les traits en relief du dessin à l’aide de gouges ou de canifs. L’image laissée en relief sur la planche de bois a été “épargnée”. L’encre appliquée sur la plaque va en effet se déposer sur les parties du motif épargnées et les parties creusées resteront blanches sur l’oeuvre imprimée. L’artiste dépose ensuite une feuille de papier sur sa plaque de bois ainsi encrée et exerce une pression sur l’ensemble afin que la réalisation, en l’occurrence les parties encrées, soit reportée sur le papier. Albrecht Dürer fut un virtuose de la gravure sur bois. On pense notamment au cycle de l’Apocalypse (1497-1498).