sandy cloupeau

 

SANDY CNée en 1981 à Landerneau.OLYMPUS DIGITAL CAMERA
Vit et travaille à Bellefontaine (Manche)
Plasticienne. Diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts de Caen.

• 2011. Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle. Alençon
« Panorama ». Musée d’Art Moderne Anacréon. Granville

• 2010. « Irrigatio ». Galerie Hypertopie. Caen
« ICI artistes en résidence ». Abbaye aux dames. Caen

• 2009. « Métissage ». Musée Baron Gérard. Bayeux
« 1 artiste, 1 douche ». Bains douches. Alençon
  Galerie Bannward. Paris


❏ Derrière leur aspect séduisant ou répulsif, mes dessins cachent en réalité une profonde mélancolie quant à la place de l’homme dans une société de plus en plus structurée et contrôlée. Une société qui voudrait se passer du corps imparfait et fragile. En travaillant sur le corps humain, je replace l’homme face à sa condition, en l’enracinant dans le biologique.

 Sandy Cloupeau

 


¦ pop-ups

   • planches animées -collage/pliage papier- 2013


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Carnet linogravure reliée. Format ouvert 60 x 20 cms, fermé 15 x 20 cms. 2013


¦ motifs

   • appliqués in situ. installation 2012

CR 3   ‹ la chambre rose      OLYMPUS DIGITAL CAMERA   ‹ danyboudoir


 A l’inverse de cette éducation pudibonde, Sandy dessine des papiers à sexes. Nos organes reproducteurs multipliés sur les murs fleurissent à s’y méprendre comme des végétaux. L’équivalence est naturelle puisque les fleurs sont les sexes des plantes. D’instinct, Sandy a retrouvé l’inspiration d’Albrecht Dürer, sans doute le premier artiste à avoir dessiné un papier peint. Dans La Famille du satyre de 1505 où on voit un satyre et sa femme nue au milieu de fruits et d’entrelacs végétaux, la tonalité est franchement érotique. Et dans un papier peint ultérieur, La grande Colonne (1515) l’allusion phallique est on ne peut plus claire. Ici, comme dans ses écorchés, Sandy renoue avec l’esprit de la Renaissance et, à l’âge de la cybersexualité, réhabilite le corps humain et la sensualité. Avec les sexes, des globes oculaires et des coeurs prolifèrent naturellement sur ces papiers peints, organes tout aussi essentiels et métaphoriques des relations amoureuses.

 

Comme l’Art Nouveau avait le premier aboli la distinction entre arts plastiques et arts décoratifs, les mêmes motifs se retrouvent sur d’autres objets de notre vie quotidienne. Nous sommes à peine surpris de trouver au fond de notre assiette un sexe d’homme ou de femme, là où on imprimait sur les faïences de nos grands-mères de chastes fleurs. Comme elle dessine des papiers à sexes, l’artiste confectionne une robe à sexes. Sur ce vêtement féminin blanc sont imprimés des motifs de sexes d’hommes, pas d’innocents zizis au repos, mais des pénis à têtes multiples, turgescents, vibrionnant comme des flagelles de spermatozoïdes. Cette robe provocante et joyeuse réaffirme l’inépuisable fécondité de la nature. C’est par le piège des sens, la beauté, les parfums, le plaisir, que la nature a assuré depuis des centaines de millions d’années sa pérennité. A l’âge de la reproduction dans des éprouvettes de spermatozoïdes et d’ovules préalablement congelés, Sandy veut conjurer les apprentis-sorciers et les trafiquants d’organes en célébrant les noces immémoriales des sexes et le plaisir.

Publicité et technoscience même combat : chercher à peupler la planète de clones à la jeunesse éternelle pour occulter le tragique de l’existence humaine. Face aux ambitions de la technoscience qui voudrait se passer du corps imparfait et fragile, avatar contemporain du vieux puritanisme qui court de Platon à la cyberculture avec le puissant relais du christianisme, l’artiste veut enraciner l’aventure humaine dans le biologique. A Stelarc qui proclame : «Le corps humain est devenu anachronique.», elle oppose les milliards d’années de vie sur terre. Contre les utopies de la cyberculture à la mode qui dénigre la précarité, le vieillissement de nos organes, qui célèbre le virtuel, elle réaffirme avec force le plaisir charnel qui conduit à la perpétuation de la vie sans ignorer sa finitude. Aux tenants puritains de la fin du corps, à la tentation démiurgique de l’abolition du corps, elle répond par une sorte de panthéisme joyeux. Le travail de Sandy Cloupeau est un hymne à la vie et à sa fragilité.

 Luc Desmarquest

Luc Desmarquest était professeur d’histoire de l’art à l’école régionale des beaux-arts de Caen la Mer, puis à l’ésam Caen/Cherbourg. Il a pris sa retraite en 2010.


espaceur
  • sandy cloupeau - assiettes 01



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céramique -terre cellulosique émaillée-. 46 x 18 x 0,7 cms.


 Ses dessins anatomiques, derrière leurs apparences parfois plaisantes ou repoussantes, révèlent avec minutie la complexité organique. L’artiste reproduit avec exactitude, veines, artères, nerfs, racines et nervures. Elle illustre ainsi la complexité des ramifications et des réseaux qui irriguent tout être vivant.

 

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