anne-france abillon
Née à Paris en 1961. Vit et travaille à Vains – St-Léonard. Normandie
• 2014. « La croisée des chemins » (en collaboration avec Brige Van Egroo). Prieuré Saint-Léonard. Vains
• 2013. « Tisseuses de mondes – le tissu du réel ». Chapelle Sainte-Anne. Athis de l’Orne
• 2012. « Poétique du Paysage ». Galerie Thomas Kellner. Siegen (Allemagne)
• 2011. “Dialogue autour de la figure poétique de l’arbre”. Parcours culturel et artistique du IIIe Arr. Paris
• 2010. “Mix-Paysages”. Galerie Le Radar. Bayeux
• 2009. “Variation pour tronc d’arbres”. Gumgang International Nature Art. Corée du Sud
• 2007. “Topographies-lignes-mémoire ”. Grand Duché du Luxembourg
dialogue poétique avec la nature
❏ Son regard sur un monde végétal ou minéral opère une naïve déconstruction de l’univers qui s’attache à exalter le détail comme un élément essentiel.
❏ Yoland Simon
❏ Dans l’oeuvre d’Anne-France Abillon le paysage devient « abstrait » même s’il demeure un lieu incarné : on y pénètre, on y rentre en tension souvent musicale là où par exemples les arbres comme les herbes font effet d’orgues. S’y engage tout le mental et l’émotion dans la conjonction photographie-installation-dessin-espace. Et la manière qu’à l’artiste de croiser le réel avec un appel de ce qu’il « cache » et, par effet de buée, permet de comprendre à quel point nous sommes constitués de cette hybridation du visible et de l’invisible. C’est l’espace poétique par excellence.
Pour le dévoiler Anne-France Abillon ne cherche pas la séduction mais une précipitation quasi picturale par effet de particules à travers des visions micro ou macroscopiques de la nature. Celle-ci devient un champ magnétique d’une sensualité aérienne, diffuse. Demeure aussi une puissance tactile.
Jamais toutefois l’artiste n’est dominée par le paysage. A l’inverse elle ne cherche pas à le contraindre. Le fantasme est remplacé par le sorte de mythe : un mythe féminin sans doute et aérien en dépit du caractère le plus souvent terrestre de la nature que l’artiste explore en créant une sensualité abstraite. L’oeuvre devient à la fois la rencontre et la sortie du temps. Elle devient aussi la recherche d’un parcours spirituel mais par la traversée de sensations.
Dans « l’intimité du silence” ( travail en solitaire réalisé par l’artiste dans les étendues himalayennes et près de la Baie du Mont Saint-Michel) l’artiste est devenue celle qui arpente les lieux afin de saisir des traces de mémoire de la nature dont elle perce l’intimité. Se projeter ainsi et atteindre l’ineffable n’est possible que par moments. Un peu comme dans l’amour. On pourrait croire que l’ayant fait une fois on peut recommencer à volonté. Et bien non. Sauf à tomber dans ce que l’artiste refuse : le paysage comme décoration.
Chaque oeuvre d’Anne France Abillon n’ajoute pas un « objet » au monde. L’oeuvre en fait partie ou le devient. Ce n’est pas un contrat social mais un mariage d’amour avec la nature. C’est le moment d’une rencontre rare, d’une exception avec le désir de retrouver quelque chose qui dépasse l’apparence, qui renvoie aussi à la vie intérieure. Et par ses saisies et ses installations la créatrice ose penser l’unité de l’espace, sa majesté.
Il devient toute en ouverture et profondeur. L’espace intérieur coule, l’espace extérieur s’y engouffre. Il existe là une véritable rencontre avec le paysage. L’artiste brise la séparation entre l’être et le monde. S’éprouve une circulation, une germination spatiale, un envahissement. Le paysage se fait contagieux. Il passe comme par derrière celui qui le contemple. Il l’englobe. Si bien que sa situation en est troublée puisque l’artiste jette le doute sur notre position habituelle en dérangeant nos repères. Nous devenons attentifs, soucieux même à la constitution du champ visuel par effet de miroir, de dédoublement, de répétitions ou encore de décadrage.
Il existe soudain des « fissures de terres » : elles montrent les meurtrissures de la nature toujours offerte. Mais elles sont aussi le tatouage que fait le temps et que l’artiste reprend à son compte avant que de se lancer vers d’autres idéogrammes kaléidoscopiques. Par effet de frises et de répétitions se propagent des atmosphères rythmiques intenses par un noir et un blanc qui donne un rythme au silence. Vivants piliers de cathédrales ou troncs totems d’une religion naturelle créent à leur tour une énergie communicative. L’espace n’est plus limité par notre présence en lui. Nous percevons son étendue non en dehors mais au-dedans de nous-mêmes.
La notion de milieu prend alors tout son sens. Réduit ou étendu l’espace s’ouvre à une jubilation grave. S’ensuit un plaisir intérieur d’être dans l’élément spatial. Il n’y a plus ni dehors ni dedans Et en conséquence disparaissent les oppositions radicales. Anne-France Abillon transforme donc la relation au monde. Le regard devient comme l’espace : agent d’unité.
❏ Jean-Paul Gavard-Perret
croix
impression sur papier Japon tendu sur chassis en croix. 150 x 150 cms. 2013
tisseuses de mondes – le tissu du réel
tirage sur papier Japon 12 grs. 21 x 29,7 cms. 2013
géographie de l’essentiel
❏ La démarche d’Anne-France Abillon entend permettre la réappropriation symbolique du végétal par l’être humain, et ainsi initier un nouveau dialogue au sein du vivant, voire une possible reconnexion de la nature au sacré et à notre propre humanité.
Feuilles d’arbres cuites et pressées, photographies de fragments d’éléments végétaux et minéraux, compositions d’oeufs de raie, prêle recomposée… le travail d’Anne-France Abillon séduit dans sa tentative de captation et de révélation de la parole de la nature.
Captation de l’élément végétal, minéral ou organique minutieusement récolté en prélude au travail plastique. Révélation de la transformation alchimique qui fixe le cru et le cuit, qui divise et réunit pour révéler enfin l’essence d’une nature qui nous échappe. Ses photographies, ses fragments de végétaux, ses lignes de prêle et de feuilles de châtaignier nous renvoient à une géographie essentielle de la vie qui est aussi une écologie de l’esprit : une expression de l’âme.
❏ Philippe Cloitre
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